Une nouvelle mode vient d’apparaître: on nous demande de sortir de "notre zone de confort". C'est à dire, prendre des risques, pour, soit disant, obtenir une satisfaction plus grande par la suite, davantage de confiance en soi et moins de stress. C'est bien beau. Mais si on fait quelques recherches, ça vient des managers.
Si on prend en compte toute la diversité de l'humanité, aussi, on se rend compte combien cette injonction est inadaptée.
De la même manière qu'on dit déjà à des personnes dépressives "secoue toi" ou des personnes phobiques sociales "fait des efforts": et que ça n'apporte rien de positif à part culpabiliser les gens, cette injonction à sortir de notre zone de confort fait du mal.
En particulier aux personnes qui ont un handicap ou une maladie mentale, qui sortent DÉJÀ de leur zone de confort tous les jours, sans que ce soit remarqué par les personnes valides et neurotypiques ( qui n'ont ni handicap, ni maladie mentale ).
En tant qu'autiste, je peux vous dire qu'à chaque fois que je fais des courses, à chaque fois que je vais dans les transports en commun, à chaque fois que je vais à ma formation, à chaque fois que je vais au cinéma, à chaque fois que je vais dans un bar, à chaque fois que je vais à une manif, etc., je sors de ma zone de confort, puisque je dois m'adapter aux normes neurotypiques, que j'ai une fatigabilité accrue, mon cerveau percevant beaucoup de choses, je suis saturée ( et en même temps plus lente que la moyenne ): ainsi pour parler ( avoir des choses à dire, ne pas blesser, dire des choses intéressantes... ), je dois analyser ( essayer, tout au moins ) les visages et tons des voix des gens, subir le bruit, la luminosité, faire le tri dans les voix diverses pour suivre une conversation, gérer mes émotions... C'est tout un travail chaque jour. Pour ne pas sortir de ma zone de confort, il faudrait que je reste enfermée chez moi et que je ne parle à personne.
Pensons aussi aux SDF: elleux sont tous les jours, dans une zone d'inconfort!
Nous voyons bien que c'est un concept de privilégié.e.s.