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Un labyrinthe dans la ville

Un labyrinthe dans la ville

Blog d'une brestoise: Coups de gueule, événements, humour, photos, poèmes, politique, projets de romans, et réflexion.


Gwenn, rejetée, Gwenn exilée, mais Gwenn libérée ​​​​( début de roman )

Publié par Le Labyrinthe sur 23 Décembre 2017, 22:27pm

Catégories : #Littérature, #SDF

Gwenn se réveilla sur son banc, elle avait froid, il faisait encore nuit. Elle était allongée là depuis beaucoup trop de temps, il fallait qu'elle se lève pour marcher de nouveau. Il fallait qu'elle continue son chemin, pour ne pas périr. Elle regarda dans ses poches, il ne lui restait plus que 10 euros. Ce sera difficile de tenir dans ces conditions là. Il fallait qu'elle cherche un travail. Mais qui accepterait de lui donner un travail, alors qu'elle est à la rue ; sale, fatiguée, stressée, hagarde ? Elle se dirigea vers la lune. Elle était belle ce soir là. Toute ronde. On voyait bien ses cratères. Gwenn était passionnée d'astronomie et a toujours aimé la nature, mais maintenant qu'elle dort dehors, elle se rend compte combien un toit est précieux et elle regrette ses livres. C'est injuste, pensa t-elle, qu'ai je fais pour mériter ça ? Puis, elle pensa aux malheureux dans le monde ; les enfants africains mourants de faim qu'on voit dans les mails d'action contre la faim. Et se dit qu'il y avait pire qu'elle, et culpabilisa de s'apitoyer sur son sort. Elle marchait, marchait, marchait... Puis fatiguée, elle s'effondra de nouveau sur un autre banc.
Quelques heures plus tard, elle fut réveillée par des rires d'enfants qui allaient à l'école. Un enfant s'arrêta de rire en la voyant. « Maman, pourquoi la fille elle dort sur un banc ? ». La maman répondit « il y a des marginaux qui ne veulent pas vivre comme les autres ». Gwenn retint ses larmes. Mais elle avait déjà entendu pire. La veille, un monsieur l'a insultée quand elle faisait la manche « va bosser salope ! ». Une autre personne lui avait aussi dit « espèce d'assistée ». Mais la plupart des gens se contentaient de l'ignorer, ou de la regarder d'un air dégoûté, supérieur ou affligé. Cependant, quelques personnes lui ont donné quelques piécettes. Mais aussi des sourires et quelques mots. Certains même, mais bien peu, étaient restés discuter avec elle, de la pluie et du beau temps, de l'actualité, de politique... Une travailleuse sociale, l'avait même questionnée sur son passé, mais elle avait répondu d'une manière évasive. Gwenn ne souhaitait pas rentrer dans les détails, car ses parents l'ont reniée et chassée de chez elle, deux semaines auparavant. Les évènements sont encore frais dans son esprit et douloureux. Mais le pire, c'est la raison pour laquelle elle a été chassée, après avoir été menacée et insultée. Ça, elle ne pouvait pas le dire, elle ne voulait surtout pas le dire. Elle se demandait comment une famille pouvait traiter ainsi un de ses membres. Mais elle a aussi retenu les insultes, et se considère ainsi comme un être abject et indigne de respect. Ce qui ne s'est pas arrangé, vu la manière dont la plupart des passants la considère.
Elle n'avait pas essayé d'être hébergée chez une autre personne que son meilleur ami. Elle est restée une semaine chez lui, le temps de planifier un départ de la ville et d'être provisoirement réconfortée. Mais elle ne voulait pas devenir un poids pour lui, et surtout ses parents, puisqu'il vit toujours chez eux. C'était délicat. Surtout qu'ils commençaient à penser qu'ils étaient en couple. Ce qui est tout à fait impossible. Elle n'avait pas su leur dire en quoi c'était impossible.
Elle ne s'était pas lavée depuis son départ de chez son meilleur ami. Elle souffrait beaucoup de se sentir sale. Elle voyait ou croyait voir, le dégoût dans les yeux des gens qui la croisait. Mais peut être était ce du à son imagination ou un peu de paranoïa. Elle ne savait pas.
Puis elle avait faim. Continuellement faim, depuis une semaine. Qu'est ce que ce sera dans un mois ? Ou pire, dans un an ? Se demandait elle, espérant rester vivante. C'était dur pour elle de mendier. Mais il fallait bien. Le froid, le regard des autres, le fait de quémander de l'argent... tout cela est difficile. Rester statique, se faire ignorer par la plupart des passants... tout cela est difficile.
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